

|
|
"Les Peignes médiévaux occidentaux:
questions sur leur
fabrication et leur utilisation"
par Myriam LESCURE
A la
faveur de nouvelles découvertes, mon mémoire de maîtrise présenté initialement
en 1999, a fait l'objet d'une réorganisation globale. Il s'est d'abord enrichi
de nouveaux objets grâce notamment au développement de bases de données
accessibles directement sur internet. D'autre part, après plusieurs années de
recul, de nouvelles parutions sur la vie
quotidienne au Moyen Age sont venues confirmer certaines théories avancées
à l'époque.
1. Remarques sur certains peignes en
buis
En ce qui concernent les peignes de
luxe, particulièrement ceux en buis à devises galantes (Cf. collection du musée du Moyen Age-
Thermes de Cluny, Paris) ils symbolisent "le coup de foudre" des
deux jeunes gens qui ne s'étaient pas encore vus mais dont le mariage était
déjà arrangé. C'est pourquoi, la flèche perçante du désir est
représentée sur bon nombre d'entre eux. Le miroir, le coffret et le peigne
forment une partie des biens mobiliers apportés au moment du mariage. Les
hommes pouvaient également se faire des cadeaux mutuels en signe de
reconnaissance. L'étude en parallèle de "l'amour courtois", notion
inventée en 1883 par Gaston de Paris pour désigner l'art médiéval de l'amour,
éclaire sur les choix esthétiques des artisans mais aussi sur la sensibilité
de leurs destinataires, influencés par la poésie amoureuse islamique et la
musique des troubadours, la renaissance des idées antiques et la dévotion
croissante à la Vierge Marie. Tous ses thèmes sont représentés sur les peignes en buis et
en ivoire du XVe au XVIIe siècles. L'ouvrage de Michael Camille, "L'art de
l'amour au Moyen Age, objets du désir, (éd. Köneman, Cologne, 2000) m'a
particulièrement aidé pour comprendre la mise en place de ce nouveau langage
amoureux.
2. Remarques sur certains peignes en
ivoire
Quand aux peignes en ivoire de grandes
tailles présents dans les trésors d'églises, leur destination, tout comme les
pièces d'un jeu d'échecs, est plus solennelle qu'usuelle. Leur fonction est
d'être possédés, montrés, touchés et thésaurisés comme un trésor. La
présence du peigne de saint Vidian (Fig.1) encore enchâssé dans son présentoir le
prouve pleinement. Tout comme le fait remarquer très justement Michel Pastoureau
dans son livre: " Une histoire symbolique du Moyen-âge occidental (éd. Le Seuil, 2004), le jeu d'échecs n'est pas fait pour
jouer et le peigne ne sert pas à se coiffer. A l'origine, les peignes en fer
étaient des objets de torture et de nombreux saints comme Saint Blaise ou Saint
Hippolyte en en fait leur attribut. On peut supposer qu'afin de célébrer le
martyr de nombreux chrétiens, l'Eglise ait choisi l'emblème du peigne pour
consacrer ses évêques du VIIIe au XIIe siècle, période d'expansion de
la religion catholique.
Voici quelques unes de mes conclusions
que je ne pouvais formuler à l'époque car il me manquait des informations
capitales ainsi qu'une distance nécessaire vis-à-vis du gigantesque corpus
constitué. Il aurait peu être plus important mais c'est sans compter la
multitude de peignes ordinaires en bois, en os, en corne qui attendent toujours
l'objet d'une parution ou d'une redécouverte. La difficulté est réelle et
sous-estimée pour l'étudiant en maîtrise d'histoire de l'art et
d'archéologie de réunir des photos de bonne qualité avec des commentaires
fiables car ces objets continuent de vivre parmi les collections privées et
muséographiques. L'accès aux collections m'a cependant été facilité par la
conservatrice du musée de la Renaissance d'Ecouen (In memoria Julia
Fritsch) et par le personnel du musée du Moyen Age-Thermes
de Cluny de Paris. Qu'ils en soient ici remerciés. Que les clés de mon mémoire s'ouvrent
pour vous:
Plan
Introduction
Peignes en
ivoire
Sources
iconographiques
Remarques
 |